
L’histoire commence véritablement le 21 avril 1519 lorsque le conquistador espagnol Hernan Cortez parti de l’ile de cuba pour chercher fortune, ayant navigué vers l’ouest, aborda sur la côte du Mexique, à proximité de Chalchihuecan, où il fonda, a peine débarqué: La villa Rica de la Vera Cruz, la ville riche de la vraie croix redevenue plus humblement aujourd’hui, Veracruz. La région est déjà occupée par le peuple Totonaque et ses habitants ont développés une agriculture florissante car la région est fertile. C’est aussi un véritable grenier pour les pays voisins, a tel point qu’il n’est pas rare qu’au gré des disettes, un grand peuple de guerriers tel que celui des Aztèques, vienne offrir un membre de leur famille en esclavage en échange de la nourriture dont les autres avaient besoin pour survivre. D’où une certaine animosité entre les deux voisins que le rusé espagnol ne tardera pas à exploiter.
Le peuples Totonaque cultive dans cette région chaude et humide une grande variété de plantes: le maïs, le haricot, la courge, le coton, le tabac, mais aussi une espèce de liane grimpante pouvant courir sur une grande hauteur. Ses feuilles ovales et grasses se terminent par une petite pointe de laquelle tombent une à une les gouttes de pluie. Son fruit, sur cette variété est une espèce de large et long fourreau qui une fois récolté et séché doucement, apporte aux mets un parfum encore inconnu des européens: celui de la vanille… Ce fut le premier contact connu entre le vieux monde et la reine des épices.
Les Totonaques cultivent d’importantes quantités de ces orchidées lianescentes et hermaphrodites tropicales. Depuis quelques temps ils payent même leurs impôts grâce à elle. A qui ? Eh bien aux Aztèques qui remis de leur dernière famine ont pris les devant et son devenus… les patrons ! Ils en réclament l’équivalent de 400 kilos par an qu’ils consomment à ce que l’on sait dans une boisson à base de cacao destinée uniquement aux nobles et aux guerriers. Cortez se vit offrir de ce breuvage exceptionnel dans un bol en or par l’empereur Moctezuma à son arrivée à Mexico-Tenochtitlan.
Contrairement à leur vassaux, les Aztèques ne produisent pas de vanille, leur lieu de résidence est situé à une bien trop haute altitude et notre orchidée n’aime pas prendre racine au dessus de 700 mètres et surtout pas hors d’une fourchette variant entre 21° à 31°. Ils ont bizarrement baptisé la vanille du nom de: Fleur noire. Ainsi les Totonaques peuple à la mystique proche de la terre nourricière, nomme t’il la vanille » Fleur cachée » car selon leur croyance la liane de vanille serait née du sang de la princesse Tzacopontziza » Etoile du matin » (comme la fleur de vanille qui éclot à l’aube) Elle fut, dit la légende, kidnappée par le prince Zkatan-Oxga » Jeune Cerf » retrouvée, ils furent tous les deux décapités par les prêtres de la déesse des récoltes. Le prince se réincarna en arbuste vigoureux et la princesse en frêle liane d’orchidée s’enroulant autour du corps de son amant. La symbolique est en symbiose parfaite avec la réalité de la culture de la vanille qui aujourd’hui encore pousse bien à l’abri de son tuteur.
La connaissance de cette vanille primitive par ce peuple était complète, c’est pourquoi il resta jusqu’au milieu du 19ième siècle son premier producteur mondial. la vanille cultivée alors était dite » vanillon » de l’espèce Vanilla Pomponia et de qualité très inférieure à ce que nous connaissons aujourd’hui à Madagascar, sa teneur en vanilline malgré sa taille démesurée est extrêmement faible et doublée d’une forte odeur de coumarine. Le vanillon est encore produit de nos jours, aux Antilles il entre dans la préparation des recettes très prisée lors des rituels vaudou.