
Sur l’ile de Madagascar, après Nosy-bé en 1880, les plantations se déplacent vers Antalaha et Sambava où les alizés et le climat humide sont propice à ces nouvelles installations. Les 50 kilos de vanille produites en 1880, transformées en 100 tonnes début 1900 à la Réunion donnent une idée de la demande existante alors et des capacités de production de l’ile. Rappelons qu’à chacune des phases de la production intervient la main de l’homme. Que dire alors quand en 1929 la production de vanille de Madagascar dépassa pour la première fois 1000 tonnes ! soit la production de la Réunion multipliée par dix. De même que la découverte d’Edmond avait scellé le destin des Totonaques, ce début de ruée vers la grande ile devait inexorablement sceller celui de la Réunion en tant que producteur de vanille. La totalité du commerce de vanille de Madagascar se fit longtemps sous le nom commun et aisé de » Vanille Bourbon » ou » Vanille de la Réunion ». Aujourd’hui encore, certains ne peuvent s’y résoudre, mais cette dénomination n’est plus qu’une coquille vide. De nos jours les rares gousses qui en sont issues sont destinées à une clientèle touristique qui bien souvent ignore que la vanille qui embaume les étales a peut-être été cultivée loin de là par un paysan Malgache. Le rayonnement réel de producteur de vanille de l’ile de la Réunion dura de la découverte de la méthode de pollinisation artificielle par Albius jusqu’à la fin des années 1920. Depuis cette époque la production de Madagascar oscillera toujours bon an mal an entre 1000 et 2000 tonnes au gré des saisons et d’un cyclone tous les 10 ans, le prix de vente subit de très fortes hausses et de longue période de chutes des prix qui provoquent le découragement et l’abandon de cette culture par bon nombre de paysans.
LE MARCHE DE LA VANILLE – On distingue trois grandes familles de vanille bourbon:
- La vanille dite » Gourmet » ou » de Bouche » au taux d’humidité d’environ 30% elle est dite » Noire, Grasse et non fendue » elle est destiné à votre table elle ne représente que +/- 15% de la production.
- La vanille noire grasse fendue dont les gousses sont trop mûres sur la liane se fendent naturellement et perdent leurs grains à l’affinage. Pauvres en grains elles sont utilisées dans l’industrie où leur aspect n’est pas un obstacle commercial.
- La vanille rouge type européen o américain, ou Cuts au faible taux d’humidité, destiné à la fabrication et l’extraction industrielle. Ce type de gousse est principalement absorbé par le marché américains ou les parfumeurs européens
La filière vanille à Madagascar est une filière dite entonnoir, ce qui veut dire: beaucoup de petits paysans, environ 80.000 dont certain ne produise peut-être qu’un kilo de vanille par an et qui remettent leur production à quelques 6000 collecteurs chargés de l’affinage et de très peu d’exportateurs patentés, entre 30 et 35 à ce jour. Les possibilités de prospérer sont donc tout a fait limitées pour le producteur. L’exportation de la vanille est un vecteur important d’apport de devises pour Madagascar, aussi les sociétés exportatrices doivent elles être agréés par l’état malgache, 50% de cette production est vendue aux USA et est constituée à 99% de vanille destinée à l’industrie. 99% de la vanille produite à Madagascar l’est dans la région de la S.AV.A pour: Sambava – Antalaha – Vohemar – Andapa
D’autres origines concurrencent fortement la vanille de Madagascar. Des pays comme l’Inde ou l’Indonésie » Papouasie Nouvelle Guinée » produisent des quantités importantes de vanille tant de l’espèce Tahitentis que Planifolia mais dont la qualité ne peut rivaliser avec la Vanille bourbon de Madagascar. Cette vanille profite de la montée des cours lors du passage d’un cyclone qui fait baisser le production malgache et est surtout destinée à l’industrie, même si on en retrouve dans les rayons de beaucoup de nos supermarchés. Cette intérêt récent de nouveaux pays à la recherche de débouchés certes louables, ne doit cependant pas égarer le consommateur. Car si rien ne ressemble plus à une gousse de vanille qu’une gousse de vanille…toutes ne sont cependant pas produites de manière traditionnelle comme nous avons pu le voir. Très souvent l’installation de la lianes et surtout de son tuteur le palmiste, passe par des épisodes de totale déforestation de parcelle vierges. l’affinage est écourté et le séchage à l’air libre est remplacé par des techniques rapide de chauffage, cela n’est pas le cas à Madagascar qui dispose depuis plus d’un siècle de tradition et d’espaces de cultures dédiés à sa culture traditionnelle.